La fouille a révélé une ferme de la fin de l’époque gauloise à laquelle succèdent une exploitation agricole du début de l’époque romaine, puis une villa du Haut-Empire. Ces riches informations, aujourd’hui consignées dans un rapport, nous renseignent sur les modes de vie dans ce secteur rural de la Gaule, entre le Ier siècle avant J.-C. et le IIIe siècle de notre ère.

Les archéologues appellent « villa » un établissement rural gallo-romain isolé au milieu de ses terres. Ses imposants bâtiments de pierres et tuiles s’organisent autour de cours en séparant la résidence luxueuse du propriétaire (la pars urbana) des équipements agricoles et artisanaux utiles au bon fonctionnement du domaine (la pars rustica). Ses habitants sont des Leuques et leur territoire, dont la capitale est Toul, appartient à la province romaine de Gaule Belgique. Les prospections archéologiques réalisées aux alentours ont révélé une campagne sillonnée de routes et des habitations voisines distantes de 1,5 à 2,5 km. A l’apogée du domaine, au début du IIIe siècle, (soit vers 210 ap. J.-C.), l’ensemble devait ressembler à cela.

Vue générale de la villa de Bulgnéville, aquarelle Anthony REIFF, IDDAR
Vue générale la villa de Bulgnéville (Création Antony REIFF, IDDAR)

Le vaste bâtiment, au premier plan de l’image, construit au centre d’une cour jardin, abrite la résidence du propriétaire de la villa. Il occupe une superficie de 950 m² et réunit 29 pièces et couloirs pour le seul rez-de-chaussée. Il s’ouvre à l’est sur un portique dit « galerie de façade » dont les vestiges sont aujourd’hui protégés par la couverture édifiée en 2018. Une voie passait à quelques mètres en avant du bâtiment.

La pars urbana est séparée de la cour agricole par un long bâtiment de 93 m abritant des greniers, la résidence du régisseur au nord et un atelier de mouture au sud. Le porche central donne accès à la pars rustica.

Le bâtiment agricole principal est construit 160 m plus à l’ouest, à l’extrémité de cette propriété de 2 ha. D’une superficie de 750 m², il se compose d’une étable à l’ouest, d’une grande grange centrale et d’une galerie de façade à l’est, abritant une forge. Les pavillons encadrant la façade servent d’habitation et celui au nord comporte une cave.

L’évolution chronologique du site

Le site archéologique des Longues Royes a connu une évolution continue durant près de quatre siècles. Il permet d’observer le phénomène de création d’une villa romaine à partir d’un modèle classique de ferme à enclos gauloise.

Une ferme gauloise au Ier siècle avant notre ère

À la fin de l’époque gauloise (période de la Tène finale, Ier siècle avant notre ère), une première ferme est construite sur ce plateau gréseux bénéficiant de la proximité d’une source. Elle est implantée sur une parcelle rectangulaire de 6 700 m², entourée d’un fossé, et on y accède par un porche en bois sur le côté ouest. Le centre de l’enclos est occupé par un grand bâtiment sur poteaux de bois.

Une cave maçonnée autour de l’an 0

Entre la fin du Ier siècle avant et le début du Ier siècle après J.-C. (époque augustéenne), cette ferme est dotée d’une cave maçonnée dans laquelle on descend par des marches en pierre taillée. Cette nouvelle technique de construction est apportée par les romains, suite à leur conquête de la Gaule.

Une ferme romaine au Ier siècle de notre ère

Durant la seconde moitié du Ier siècle de notre ère, un grand bâtiment en maçonnerie de pierre est construit au-dessus de la cave. Le fossé d’enclos ouest est remplacé par un mur, traversé par un porche maçonné.

Création Antony REIFF, IDDAR

Une villa romaine au IIe siècle

Vers la fin du Ier ou le début du IIe siècle de notre ère, le domaine agricole s’agrandit et devient une villa sur une superficie de 2 ha. L’ancienne ferme est alors transformée en une résidence luxueuse à galeries de façade et dotée d’une extension abritant des bains. Un nouveau bâtiment agricole est quant à lui construit 160 m plus à l’ouest. Entre la cour de la résidence (pars urbana) et la cour agricole nouvellement crée (pars rustica), le mur d’enceinte est transformé en un long bâtiment-porche.

Tout au long du IIe siècle, la villa connait quelques agrandissements.

L’incendie du début du IIIe siècle

Entre 225 et 250 après J.-C., les bâtiments de la villa subissent un épisode d’incendie, peut être en lien avec les troubles que l’Empire romain connait à cette époque.

Création Antony REIFF, IDDAR
Couche d’incendie dans la cave de la pars rustica

Le retour à une ferme au IIIe siècle

Si la résidence ne se relève pas de ses cendres, en revanche, le bâtiment agricole est reconstruit à l’identique. Le domaine des Longues Royes se rétracte alors sur sa seule ferme, mais ne perdure pas au-delà de la fin du IIIe siècle.

Création Antony REIFF, IDDAR

Durant les siècles suivants, les ruines servent de carrière et une tombe isolée dans le secteur des bains témoigne de leur fréquentation par les mérovingiens.