L’espace balnéaire.
Entre la fin du Ier siècle et le début du IIe ap. JC, il est décidé de créer un espace balnéaire en extension sur la façade sud du bâtiment principal. Pour ce, la cave augustéenne est vidée de son contenu et entièrement remblayée. Ses murs vont servir d’appui pour les élévations des bains.
D’après les fouilles, les bains ont connu plusieurs états. A leur création, ils occupent une surface de 97 m² et sont composés de cinq pièces, dont les trois en enfilades sur la façade ouest sont des espaces balnéaires tandis que les deux à l’est sont consacrées à la préparation des bains.
Le praefurnium ou chaufferie (espace 5).
Cette pièce en L est située à l’angle sud-est du bâtiment des bains et mesure 11 m² de surface. Elle est à moitié enterrée afin de permettre l’installation des foyers destinés à chauffer les différentes pièces de cet espace. Une lacune dans la maçonnerie orientale trahit peut-être l’existence d’un escalier de bois. Son sol était bétonné dans le tiers nord.
Les murs nord et ouest sont percés de deux alandiers, irrégulièrement conservés. Celui du mur nord mesure 0,90 m de large, formé de deux murs de briques liées au mortier de chaux et qui était sans doute voûté. Son sol est composé de neuf briques posées de chant. Le canal était enduit d’un mortier de tuileau. L’autre alandier est, par contre, très récupéré, mais son emplacement est signalé par quelques fragments de briques posées de chant.
Cette pièce, essentielle à la compréhension des bains, a été entièrement détruite par la fouille de la cave augustéenne et par le rebouchage du site survenu en fin de fouille. L’association Bulinei villa s’est donc lancée dans une restitution à son emplacement originel en respectant ses dimensions, et ce, à des fins de pédagogie, entre mars 2019 et septembre 2020.
L’apodyterium ou vestiaire (espace 10).
Situé directement au nord de la chaufferie, cette pièce de 10,50 m² (3,50 m par 3 m) était chauffée par un hypocauste de 0,85 m de hauteur, grâce à l’alandier nord de la chaufferie. Les pilettes sont constituées majoritairement de bessales de 24,5 cm de côté (contre 20,5 cm pour les autres pièces). La pilette la mieux conservée comporte 9 briques et mesure 0,50 cm de haut. La fonction de vestiaire chauffé a été déduite par comparaison avec d’autres bains similaires.
Il faut remarquer que le sol de l’hypocauste s’est affaissé considérablement du fait de sa construction sur le remblai mal stabilisé de la cave augustéenne.
Le frigidarium ou salle du bain froid (espace 42-11).
Situé à l’ouest du vestiaire, la salle du bain froid est une petite pièce de 8,75 m² dont la moitié ouest est occupée par un bassin rectangulaire (espace 11), l’autre moitié étant un espace de circulation menant vers le tepidarium et le caldarium. Le sous-sol de la pièce ne dispose pas d’hypocauste ce qui signifie que cette dernière n’est pas chauffée.
Il ne reste du bassin que son fond constitué de dalles de terre cuite d’un module de 0,48 / 0,32 cm et de 4 cm d’épaisseur, liées au mortier de tuileau et reposant sur une couche de 0,15 cm d’épaisseur de mortier de tuileau. Ce bassin fut détruit lors des fouilles, il n’est reste qu’une dalle.
Ce secteur des bains a connu plusieurs états. Dans un premier temps, le bassin en dalles de terre cuite est recouvert de 0,30 cm de briques, béton servant d’assise à un nouveau bassin reprenant les dimensions du précédent. Mais, il est construit en dalles de calcaire et équipé d’une bonde sans doute en bronze qui fut postérieurement récupérée comme le montre les traces de piquetage dans le fond du bassin. Il prenait appui sur le mur ouest et un mur de briques au nord et à l’est.
Puis, dans un second temps, ce bassin rectangulaire est condamné par un remplissage de 0,20 cm de béton de tuileau formant un sol donnant un accès à un nouveau bassin, construit en excroissance vers l’ouest et de forme semi-circulaire. Ce bassin est construit directement contre le mur ouest de la maison formant une excroissance rectangulaire (esp. 12). Cet espace était voûté et éclairé par une fenêtre et totalement ouvert à l’est. Le bassin était accessible par une margelle de 0,40 cm de largeur et conservée sur 0,34 m. de haut. Ce bassin est composé de dalles de terre cuite majoritairement des « pedale tetradoron » mesurant 31/31/3.5 cm et certaines portent des marques et deux ont des empreintes de pied.
(Création Antony Reiff, IDAAR)
Il est à signaler que des fragments d’enduits peints ont été retrouvés.
Le tepidarium ou salle du bain tiède (espace 9).
Situé au sud de l’espace précédent, le tepidarium est en place centrale, et a une surface équivalente à celle du frigidarium soit 8,75 m² mais elle dispose d’un hypocauste. La chaleur du praefurnium est diffusée sous cette pièce grâce à deux ouvertures carrées de 0,40 m de côté pratiquées dans le mur sud. Il y avait une vingtaine de pilettes d’un module de 23 / 23 cm. Le sol de l’hypocauste s’est affaissé lui aussi car construit directement sur le remblai de la cave augustéenne. Le niveau de sol a totalement disparu mais il possible que cette pièce ne comportât qu’une vasque pour se rafraîchir en sortant du caldarium.
Il est à signaler que des fragments d’enduits peints ont été retrouvés. Sur fond blanc, ces enduits représentent des compartiments géométriques en forme de carré.
Le caldarium ou salle du bain chaud (espace 37-02-04).
Cet espace est complexe puisqu’il est composé de trois entités. Une première salle (espace 37) de 11 m² (4,40 m / 2,60 m) est construite sur hypocauste directement chauffée par l’alandier ouest du praefurnium. Une extension (espace 4) vers l’ouest de 5,75 m² en forme d’abside évoque un bassin mais dont il ne reste pratiquement rien. Enfin, une troisième petite salle carrée de 2,40 m de côté sur hypocauste (espace 2) est aussi en extension mais contre le mur sud. C’est à l’entrée de cet hypocauste que se trouve la plus haute pilette conservée à Bulgnéville avec 11 briques. Le sol est en partie bétonné.
Ces deux derniers espaces peuvent être considérés comme des alcôves de sudation ou des emplacements de bassin.
Ce secteur connaît une évolution à une époque indéterminée. En effet, l’espace 2 est englobé dans une salle plus vaste semi excavée de 6 m de long (nord-sud) pour 5,60 m de large, venant en excroissance au sud de la maison. Le mur ouest de l’extension sud est alors détruit et sur le côté est de ce percement, un massif de briques de terre cuite d’1,80 m de long sur 0,75 cm de large est construit. Il est composé de 12 assises de briques de 24/40/4 cm formant une hauteur de 0,80 cm. Ce massif est en deux parties, séparées par un canal de 0,30 cm.
Contre le mur oriental de cette extension, se trouve une grosse pierre de gré (1,22/0,55/0,15 m) dont l’emplacement suggère une marche d’escalier communiquant avec l’espace 6 situé à l’est de l’espace balnéaire.
Cette grande extension évoque la mise en place d’un second praefurnium afin de pallier les insuffisances du praefurnium primitif. La densité du dépôt charbonneux indique que cet espace a aussi pu servir de cendrier pour évacuer les cendres du praefurnium principal.
Aujourd’hui, l’ensemble de ces espaces, en partie détruits par la fouille et le nivellement des terres, bénéficie d’une mise en valeur par la commune de Bulgnéville et de l’association Bulinei villa.